Prêtres et Amour !(2)
N'ayant rien à cacher et appréciant beaucoup la liberté de ton et d'expression pratiquée dans la blogoshère, je me permets de mettre ici en ligne la lettre qui m'a été inspirée spontanément et que j'ai envoyée à Leon Laclau : Léon Laclau est le Prêtre du diocèse de Bayonne que son évêque vient de "limoger" pour cause de concubinage.
"Cher "frère"
Béarnais comme vous (du moins je le suppose compte tenu de votre nom) je lis dans les journaux l'épreuve dans laquelle vous êtes plongé...
C'est d'abord très fraternellement que je me permets d'essayer de ressentir et de partager ce qui doit être une grande douleur...pour vous et pour Marga et je vous souhaite de trouver dans la force de votre Amour les ressources pour surmonter ce passage..
L'Evêque de Bayonne a sévi : je ne connais pas le dossier mais sans doute a t il fait son "boulot"...Je pense qu'il ne faut pas lui en vouloir même si dans ce genre de circonstances la forme peut être blessante pour les personnes..
...Je ne sais pas, moi, s'il convient que les Prêtres se marient** ou s'il faut ordonner des Prêtres mariés...et très franchement c'est de la responsabilité de l'Eglise et pas des états d'âmes des uns ou des autres, pas même de quelques vieux bonzes qui en n'acceptant aucune reflexion serieuse sur le sujet ne pensent qu'à sauver leur pourvoir et leurs prérogatives..
Je dis que c'est de la responsabilité de l'Eglise mais pas de n'importe quelle Eglise et certainement pas de celle qui semble partie à la reconquête de son influence sur la "chrétienté"...Ces questions brulantes et douloureuses sont de la responsabilité de l'Eglise mise devant sa responsabilité missionnaire ce qui est plus que sa fonction : c'est sa nature même...
Que tous se mettent devant cette mission, qu'ils prennent la dimension de leur responsabilité et que dans ce contexte là et celui là seul ils essaient d'inventer des solutions...
Tant que ceci ne sera pas fait...il n'y aura que des situations difficiles : vous connaissez certainement des confrères en difficulté aussi, je me souviens que tout le monde n'a pas toujours été exemplaire dans votre congrégation (pour qui j'ai un profond respect) ; il est des endroits où on laisse des Prêtres seuls dans des situations impossibles...
Peut-être dans cette reflexion de l'Eglise, du coeur de cette souffrance partagée avec Marga, vous detenez un vrai message : la Mission n'est rien d'autre qu'un Amour...Celui qui se donne à sa Mission doit vivre de l'Amour : vous avez l'expérience de l'Amour humain, vous avez l'experience de l'Amour missionnaire...alors je suis sûr que vous êtes porteur d'une "Vérité" dont l'Eglise ne peut se priver...
Qui suis-je moi qui vous parle avec autant d'audace ?
Je suis un Prêtre qui fut un amoureux inconditionnel de l'Eglise ... non pour une femme, mais pour des divergences de fond sur la façon d'Evangéliser, j'ai vécu un conflit sévère avec l'autorité episcopale de l'epoque et je suis parti en claquant la porte : j'ai certainement fait un caprice..et mon evêque un caprice peut être plus gros encore : que du gâchis !!
Ce n'est que plus tard que je me suis marié...mais je suis toujours Prêtre, Prêtre "clandestin"mais Prêtre jusqu'au bout des ongles ! Et je crois profondément en l'Eglise même si ce qui s'y passe aujourd'hui me fait enrager comme un Béarnais sait le faire !!!
Cordialement"
**A la relecture et dans le contexte d'honnêteté voulu pour cette lettre, je me dois d'être plus précis sur ma pensée...
Ce que je pense profondément, c'est que le lien entre le sacerdoce du Prêtre et le célibat est une vraie "conquête" de la tradition de l'Eglise quelles que soient les circonstances historiques de l'une ou l'autre époque.
Ce que je ne comprends pas, c'est que ce lien n'est compris théologiquement et canoniquement que dans le contexte d'une "discipline", d'un règlement...et qu'en cas de conflits, de tensions ou de difficultés les uns et les autres sont de fait positionnés dans un contexte "disciplinaire".
Certes, cela permet de dire que cette disposition disciplinaire qui appartient comme telle au pouvoir de l'Eglise-ecclésiastique peut être revue et corrigée par la dite Eglise, mais dans le fond ce n'est pas forcément très honnête : donner des gages de fermeté à ceux qui pour des raisons fort diverses et pas toujours très apostoliques sont du côté de la fermeté..et laisser croire aux autres que des ouvertures sont possibles à moins que l'on se reserve simplement de pouvoir "lâcher" le jour où devant la disparition de la génération actuelle des Prêtres, on sera tout simplement acculé à des décisions que l'on prendra en catastrophe comme des pis-allers...cela est il bien net ?
Evidemment, si le Prêtre n'est qu'un maillon dans la hiérarchie ecclesiastique chargé de transmettre et mettre en oeuvre des instructions, de collecter des subsides, de maintenir son influence et sauvegarder son pouvoir, d'entretenir un système ou même si , à tort, c'est ainsi qu'il se sent considéré...comment est il possible qu'il puisse se donner à plein et n'est il pas fatal, compréhensible et qui sait peut être souhaitable qu'il cherche et trouve dans l'Amour humain l'équilibre dont il a besoin pour être simplement une vraie "Personne"..?
En revanche, j'ai la conviction que s'il est plein de sa responsabilité missionnaire, ce qui est passionnant et exaltant, celle-ci peut largement combler le besoin d'Amour de sa personnalité même dans sa dimension humaine ; oui, je n'ai pas peur de l'écrire malgré ma situation (ou grâce à elle) ; pivot de l'Eglise missionnaire, le Prêtre a certainement besoin de vivre son "être dans l'Eglise" à plein temps et à plein coeur...
Mais cela implique bien de reflexions "en amont" dont celles-ci :
Il n'est plus possible dans ce contexte que l'engagement du Prêtre dans la voie du célibat ou mieux de la consécration ne soit qu'une réalité "disciplinaire"...
Mais la question la plus importante est de savoir "où est l'Eglise Missionnaire"..quels sont son visage et sa réalité...
Arrêtons nous là aujourd'hui ! Mais cette reflexion continuera avec ceux et celles qui voudraient la partager ...
"Cher "frère"
Béarnais comme vous (du moins je le suppose compte tenu de votre nom) je lis dans les journaux l'épreuve dans laquelle vous êtes plongé...
C'est d'abord très fraternellement que je me permets d'essayer de ressentir et de partager ce qui doit être une grande douleur...pour vous et pour Marga et je vous souhaite de trouver dans la force de votre Amour les ressources pour surmonter ce passage..
L'Evêque de Bayonne a sévi : je ne connais pas le dossier mais sans doute a t il fait son "boulot"...Je pense qu'il ne faut pas lui en vouloir même si dans ce genre de circonstances la forme peut être blessante pour les personnes..
...Je ne sais pas, moi, s'il convient que les Prêtres se marient** ou s'il faut ordonner des Prêtres mariés...et très franchement c'est de la responsabilité de l'Eglise et pas des états d'âmes des uns ou des autres, pas même de quelques vieux bonzes qui en n'acceptant aucune reflexion serieuse sur le sujet ne pensent qu'à sauver leur pourvoir et leurs prérogatives..
Je dis que c'est de la responsabilité de l'Eglise mais pas de n'importe quelle Eglise et certainement pas de celle qui semble partie à la reconquête de son influence sur la "chrétienté"...Ces questions brulantes et douloureuses sont de la responsabilité de l'Eglise mise devant sa responsabilité missionnaire ce qui est plus que sa fonction : c'est sa nature même...
Que tous se mettent devant cette mission, qu'ils prennent la dimension de leur responsabilité et que dans ce contexte là et celui là seul ils essaient d'inventer des solutions...
Tant que ceci ne sera pas fait...il n'y aura que des situations difficiles : vous connaissez certainement des confrères en difficulté aussi, je me souviens que tout le monde n'a pas toujours été exemplaire dans votre congrégation (pour qui j'ai un profond respect) ; il est des endroits où on laisse des Prêtres seuls dans des situations impossibles...
Peut-être dans cette reflexion de l'Eglise, du coeur de cette souffrance partagée avec Marga, vous detenez un vrai message : la Mission n'est rien d'autre qu'un Amour...Celui qui se donne à sa Mission doit vivre de l'Amour : vous avez l'expérience de l'Amour humain, vous avez l'experience de l'Amour missionnaire...alors je suis sûr que vous êtes porteur d'une "Vérité" dont l'Eglise ne peut se priver...
Qui suis-je moi qui vous parle avec autant d'audace ?
Je suis un Prêtre qui fut un amoureux inconditionnel de l'Eglise ... non pour une femme, mais pour des divergences de fond sur la façon d'Evangéliser, j'ai vécu un conflit sévère avec l'autorité episcopale de l'epoque et je suis parti en claquant la porte : j'ai certainement fait un caprice..et mon evêque un caprice peut être plus gros encore : que du gâchis !!
Ce n'est que plus tard que je me suis marié...mais je suis toujours Prêtre, Prêtre "clandestin"mais Prêtre jusqu'au bout des ongles ! Et je crois profondément en l'Eglise même si ce qui s'y passe aujourd'hui me fait enrager comme un Béarnais sait le faire !!!
Cordialement"
**A la relecture et dans le contexte d'honnêteté voulu pour cette lettre, je me dois d'être plus précis sur ma pensée...
Ce que je pense profondément, c'est que le lien entre le sacerdoce du Prêtre et le célibat est une vraie "conquête" de la tradition de l'Eglise quelles que soient les circonstances historiques de l'une ou l'autre époque.
Ce que je ne comprends pas, c'est que ce lien n'est compris théologiquement et canoniquement que dans le contexte d'une "discipline", d'un règlement...et qu'en cas de conflits, de tensions ou de difficultés les uns et les autres sont de fait positionnés dans un contexte "disciplinaire".
Certes, cela permet de dire que cette disposition disciplinaire qui appartient comme telle au pouvoir de l'Eglise-ecclésiastique peut être revue et corrigée par la dite Eglise, mais dans le fond ce n'est pas forcément très honnête : donner des gages de fermeté à ceux qui pour des raisons fort diverses et pas toujours très apostoliques sont du côté de la fermeté..et laisser croire aux autres que des ouvertures sont possibles à moins que l'on se reserve simplement de pouvoir "lâcher" le jour où devant la disparition de la génération actuelle des Prêtres, on sera tout simplement acculé à des décisions que l'on prendra en catastrophe comme des pis-allers...cela est il bien net ?
Evidemment, si le Prêtre n'est qu'un maillon dans la hiérarchie ecclesiastique chargé de transmettre et mettre en oeuvre des instructions, de collecter des subsides, de maintenir son influence et sauvegarder son pouvoir, d'entretenir un système ou même si , à tort, c'est ainsi qu'il se sent considéré...comment est il possible qu'il puisse se donner à plein et n'est il pas fatal, compréhensible et qui sait peut être souhaitable qu'il cherche et trouve dans l'Amour humain l'équilibre dont il a besoin pour être simplement une vraie "Personne"..?
En revanche, j'ai la conviction que s'il est plein de sa responsabilité missionnaire, ce qui est passionnant et exaltant, celle-ci peut largement combler le besoin d'Amour de sa personnalité même dans sa dimension humaine ; oui, je n'ai pas peur de l'écrire malgré ma situation (ou grâce à elle) ; pivot de l'Eglise missionnaire, le Prêtre a certainement besoin de vivre son "être dans l'Eglise" à plein temps et à plein coeur...
Mais cela implique bien de reflexions "en amont" dont celles-ci :
Il n'est plus possible dans ce contexte que l'engagement du Prêtre dans la voie du célibat ou mieux de la consécration ne soit qu'une réalité "disciplinaire"...
Mais la question la plus importante est de savoir "où est l'Eglise Missionnaire"..quels sont son visage et sa réalité...
Arrêtons nous là aujourd'hui ! Mais cette reflexion continuera avec ceux et celles qui voudraient la partager ...