L’eucharistie, mémorial du dernier repas de Jésus


J’aime parler du « mémorial » du dernier repas de Jésus. Je parle toujours du repas sacré en termes de mémorial. Mais pour faire mémoire de quelqu’un, il faut d’abord connaître ce quelqu’un. Or, on a célébré la messe pendant des siècles sans trop s’informer sur le personnage qui est à l’origine de cet événement. (C’est extraordinaire comme on peut faire le rituel en faisant peu mémoire de lui. Quand on essaie de renouveler, de rajeunir, de régénérer l’Eucharistie, on devrait commencer par faire de l’évangélisation. On devrait commencer par connaître le personnage Jésus.) Qu’est-ce qui a amené Jésus à célébrer ce repas, de cette manière, avec ses disciples ? A-t-il, à ce moment-là, inventé un rituel nouveau ? Et s’il n’a rien inventé de nouveau, a-t-il voulu conférer une valeur nouvelle à un rituel existant ? Puisque ce rituel a traversé deux mille ans d’histoire (sous diverses formes il est vrai), il a dû se passer quelque chose d’important pour que l’événement ait eu un tel impact sur son passage, et nous revienne encore aujourd’hui. Pour bien saisir les ancrages du mémorial, il faut se dire qu’il y a eu un avant; puis il y a eu le rituel (nous allons nous concentrer sur ce point); et il y a eu, après, quelque chose qui a propulsé cet événement dans l’histoire.

Jésus avant la Cène
On dénature le rituel de la Cène si on ne le rattache pas à la personne, aux idéaux, aux options, bref à la vie de Jésus. Lorsque Jésus monte à Jérusalem pour célébrer la Pâque, il ne s’en vient pas instituer un rite nouveau, mais célébrer la Pâque avec son groupe de disciples. Jésus n’est pas naïf, il sait ce qui l’attend, parce que, tout au long de sa mission, par ses attitudes, ses choix, ses idéaux, il a contesté la tradition, la loi, les autorités religieuses du temps. Jérusalem, siège du Temple, est l’étape ultime. Si Jésus veut faire passer son message, il doit aller jusqu’au bout, au cœur de la communauté juive. Jésus a contesté parce qu’il avait une image de Dieu. Pour être fidèle à cette vision, la mener à terme, il devait entrer en opposition avec ceux qui, selon lui, avaient dévisagé Dieu.
Faire advenir la vision de Dieu sur l’humanité

Comment Jésus conteste-t-il ? Il met en pratique de façon intégrale ce qu’il trouve dans la Genèse : Dieu a créé l’homme et la femme égaux, à son image et à sa ressemblance. Avoir cela en tête, bien gravé, change la vision de l’humanité. La promotion de la dignité humaine va préoccuper Jésus constamment. Sa vision de Dieu passe par un engagement envers la race humaine. Elle explique sa conduite face aux marginaux, aux laissés pour compte, aux femmes. On a vite oublié que Jésus a eu des femmes parmi ses disciples; c’était radicalement novateur à une époque où les femmes se voilaient pour franchir le seuil de leur maison. Jésus s’assoit à table avec les pécheurs, à l’encontre des prescriptions religieuses. Il entre en relation avec des catégories de gens qui sont rejetées. Devant son comportement, les autorités finissent par se dire : cet homme ne peut pas être de Dieu, parce que tout ce qu’il fait s’oppose à notre loi et à nos traditions. Pourtant, par ses actions, Jésus prétend redonner à Dieu son vrai visage. Ses disciples sont un échantillonnage de ce qu’on peut lui reprocher. Il y a parmi eux un zélote (un révolté), un publicain (un juif qui travaille pour les occupants romains), des gens illettrés, ordinaires, sans formation particulière, sans notoriété ni influence. Jésus met également en question une série de rituels, de lois, d’institutions qui n’ont plus leur raison d’être et ne sont plus signifiants. Il veut redonner sa vraie place au sabbat (le sabbat est là pour les êtres humains, et non pas les être humains pour le sabbat), faire sauter les prescriptions alimentaires qui dressent des barricades entre les êtres humains. Il va mettre de l’ordre dans beaucoup de choses. Le comble, c’est son attitude envers les marginaux, les étrangers. Il va aller jusqu’à donner en exemple un Samaritain, alors que les Samaritains sont maudits, honnis, détestés par les juifs. Il signifie par là que l’« orthodoxie » consiste à bien agir. Donc, pour Jésus, Dieu donne priorité à la vie et à tout ce qui la génère. Si des situations avilissent, détruisent la vie, faisons ce qu’il faut pour en sortir. Jésus a constamment cherché à réaliser les intentions de Dieu pour les être humains. C’est la force motrice de sa mission. Par des manifestations d’amour, des gestes d’accueil, des prises de défense, des guérisons et ainsi de suite, il met résolument en pratique la vision anthropologique de la Genèse : tous égaux, avec les mêmes droits. Il a bien compris aussi l’enseignement des prophètes : Isaïe, Michée, Osée, à savoir que Dieu dédaigne le culte s’il n’est précédé de justice et d’amour du prochain. Ainsi, dans Mt 25, on passe la rampe, on est du bon côté, si on s’est occupé du prochain et si on a pratiqué la justice et la charité. Cela soulève des questions sur la pratique cultuelle. Il ne s’agit pas de l’exclure, mais elle n’a de sens que si elle est précédée d’un vécu qui correspond aux attentes de Dieu. Jésus a aussi contesté le Temple, à cause de ses scandales. Le Temple n’était pas seulement un lieu de prières et de sacrifices. C’était le siège du gouvernement, la banque centrale, les Finances, la Cour…  Or, peu de temps avant la Pâque, Jésus « fait le ménage » dans le Temple (geste significatif, quelle que soit son ampleur réelle).

Au risque de sa vie

Jésus ne peut pas continuer son chemin sans se faire exécuter, parce qu’il entre en conflit avec des autorités habituées à diriger par la répression et la coercition, à garder les gens dans le rang. Jésus conteste la Loi. Il n’y a pas de dichotomie entre loi civile et loi religieuse à l’époque; la Loi est partout, elle est le moteur de la vie du peuple. Jésus dit aux gens de lever la tête, de se servir de leur jugement. Rien n’est plus dangereux qu’un peuple qui décide d’être libre et de prendre sa destinée en charge.

Donc Jésus arrive à Jérusalem pour le repas de la Pâque avec ses amis. Moi, j’imagine que ce soir-là, l’atmosphère est tendue et chargée d’émotions. Rappelez-vous : Pierre, quand ils sont encore en Galilée, le tire par la manche pour qu’il n’aille pas à Jérusalem. C’est que sa réputation est faite. Les disciples savent bien qu’ils vont se faire arrêter, et peut-être exécuter. À Jérusalem, au temps de la Pâque, c’est bondé, des pèlerins sont venus de tout l’empire romain, le représentant de l’empereur est sur les lieux, il y a des milices partout. Il suffirait d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Jésus est surveillé, et quand il se retrouve avec ses amis, il sait qu’il n’ira pas bien loin.

Il est convaincu que le visage de Dieu est bien celui qu’il a présenté, mais sa vie semble aboutir à un échec, et il va mourir. Que se passe-t-il alors ? Bon, on discute beaucoup l’idée de la conscience messianique (« Jésus savait-il que… »). Pour ma part, je pense que si Jésus a eu une conscience profonde du « réel », c’est bien au terme de sa vie, où tout semble s’écrouler, alors qu’il est convaincu d’avoir mené le bon combat. Car Jésus pose un acte de foi ultime en essayant de passer le flambeau à son groupe : des gens qu’il a traînés pendant — peut-être — un an et demi, qu’il a essayé d’instruire, des illettrés, probablement, pour onze sur douze, sans pouvoir, originaires de la Galilée (de ce seul fait, on était marqué), sans argent, sans influence. La foi et la confiance qu’il met en Dieu en demandant à ses disciples de poursuivre le chemin sont assez extraordinaires. Et cela se fait au dernier repas.


Le dernier repas

Jésus s’apprête à célébrer le repas pascal avec les siens, donc à répéter un rite on ne peut plus connu chez les juifs de l’époque, qui rappelle leur délivrance d’Égypte. Ce qui rend ce repas différent ce soir-là, c’est que Jésus sait qu’il va mourir, et il veut s’assurer que les disciples poursuivront son œuvre. Que veut-il faire ? Je vous pose la question. Est-ce qu’il a voulu que les disciples l’adorent ? Ma foi, ça ne se peut pas. Qu’est-ce qui lui tient le plus à cœur au moment où il va mourir ? C’est que les disciples s’engagent à poursuivre. Il n’aurait pas prononcé de telles paroles (les paroles sur lesquelles nous allons revenir dans un instant) s’il n’avait pas su que sa fin était proche. Donc il va amener les disciples à s’engager. Les paroles que Jésus va prononcer s’enracinent dans la plus belle imagerie sémitique de l’époque, l’imagerie sémitique dans sa plus noble expression. Il va parler de corps et de sang.


Le corps

Nous avons ramené l’idée de corps à la chair humaine, à la chair qui va se décomposer. Dans le monde sémitique, cette dichotomie corps et âme n’existe pas. Le corps, c’est l’être humain en relation. C’est l’entité personnelle qui se distingue des autres. C’est une entité autonome, mais nécessairement de relation, qui fait référence, oui, aux traits physiques de la personne, à ses traits psychologiques aussi, à son unité, à son intelligence, à ses talents, à ses qualités, à ses défauts, à tout ce qu’elle est. Bref à son être intégral, dans lequel, selon la perspective sémitique, Dieu a insufflé un souffle de vie. Le monde sémitique croit que lorsque Dieu reprend son souffle, la personne meurt. Le corps se construit au fil de l’existence. Prenez le corps d’un bébé, d’un adolescent qui se transforme, de quelqu’un qui est dans la force de l’âge, d’une personne qui arrive à soixante ans, à quatre-vingts, à quatre-vingt-dix… Le corps advient au fil des choix, des réflexions, des fréquentations, des joies, des peines, des épreuves, des luttes, des prises de position, des réussites, des échecs. À l’âge que j’ai, mon corps est ce que mes expériences en ont fait, comment elles l’ont façonné. Au terme de la vie, le corps, c’est le potentiel initial enrichi de la somme des expériences.


Ceci est mon corps

Donc, quand Jésus, en prenant le pain (le pain : on ne peut pas avoir plus beau symbole), dit à ses disciples : « Ceci, c’est mon corps », je crois qu’il l’emploie de manière symbolique. Selon le théologien protestant Gordon Fee, « cela dépasse à la fois l’intention de Jésus et le cadre à l’intérieur duquel lui et ses disciples se trouvent que d’imaginer qu’un changement advient ou était destiné à advenir dans le pain lui-même au moment où il le présente ». Et le père Boismard écrit (je pense que c’est dans son livre sur Marc) : « Le pain n’est pas physiquement changé en corps du Christ, mais reste ce qu’il a toujours été : du pain. » On reste donc sur le plan du symbole. Alors, quand Jésus dit : « Voici, ce pain, c’est mon corps », il présente ce qu’il est. « C’est moi, me voici, ce que je suis devenu au cours de ma vie et de mes engagements. » J’insiste sur les engagements et j’insiste sur ce que Jésus a été. Il dit : « Acceptez-vous de partager ce pain ? Si oui, vous acceptez de prolonger ma personne, de prolonger ce qui m’a fait, mes choix, mes options, ma mission. Vous prenez à votre charge de mener à bien ce que j’ai commencé à faire », et cela, bien sûr, dans un éternel recommencement. Je pense que c’est cela que Jésus voulait dire à ses disciples, et non pas : « Voici, veuillez m’adorer s’il vous plaît ». Non. « Si vous partagez cela, vous partagez mon destin. Vous souscrivez à ce que j’ai défendu jusqu’ici, au visage de Dieu que j’ai présenté, au type de relations humaines que j’ai voulu implanter parmi nous. »  Je soupçonne que les disciples, à ce moment-là, n’ont pas saisi dix pour cent de ce qu’ils vont saisir après.


Le sang et le vin

Ensuite, Jésus prend la coupe de vin, la bénit. Le père de famille posait de tels gestes lorsqu’il présidait le repas pascal, il les pose encore aujourd’hui, dans les familles. Pour le peuple de la Bible, le sang, c’est la vie. On croit que la vie de tout humain coule dans son sang. C’est écrit littéralement dans le Lévitique, dans l’Exode. On en est tellement convaincus qu’on finit par affirmer simplement (Lv 17,11 et 17,14) : la vie de toute créature, c’est son sang. On croyait que la vie coulait à travers le sang. Donc, le sang, c’est le véhicule de la vie, et comme toute vie vient de Dieu, toute vie est sacrée. Il n’est pas étonnant qu’on interdise la consommation du sang, qui est sacré. Si le sang, c’est la vie, prendre la coupe et dire « voici, c’est mon sang » ne relève pas du cannibalisme. Cela signifie : « C’est ma vie. Voulez-vous communier à ma vie ? ».

Il y a quand même une petite nuance corps-sang. Le corps de Jésus, c’est ce qu’il est devenu à travers ses luttes; sa vie, c’est ce qu’il est, ce qu’il va continuer à être. Et on connaît la symbolique du partage de la coupe. Partager la même coupe, c’est partager la même cause. « Voulez-vous vous alimenter à mon corps, voulez-vous partager ma cause ? Oui ? Voici, buvez à la même coupe. » (Essayons de perdre de vue l’idée du sacrifice sanglant, pour voir là une source de vie. François Varone, dans Ce Dieu censé aimer la souffrance, présente cela de façon merveilleuse.) « Ceci est mon sang, alimentez-vous à ma vie. » Jésus n’invite pas à manger sa chair et à boire son sang, mais à partager le genre de vie qu’il a vécu, à prolonger sa mission. Mais les disciples avaient tellement peur que, lorsque le danger va se manifester, ils vont disparaître, se sauver. C’est pourquoi je ne crois pas que les disciples aient entièrement compris à ce moment-là ce que Jésus leur demandait de faire.


L’après

Jésus dit néanmoins : « Vous ferez cela en mémoire de moi. Vous répéterez ce qui s’est passé ici. » Je pense qu’ils ne l’auraient pas fait s’il n’y avait pas eu résurrection. Car, au premier geste de menace, les disciples vont disparaître les uns après les autres et abandonner Jésus dans la plus terrible situation. On les comprend. À l’époque, quand un personnage séditieux était arrêté, il était exécuté, et avec lui tous ceux qui étaient susceptibles de faire renaître le mouvement. Les disciples savent très bien que, s’ils restent dans les parages, leur vie est menacée. Cependant, il y a la résurrection. La mort de Jésus n’a de sens que dans sa résurrection. On ne peut pas les séparer. Ce n’est pas la mort qui sauve, c’est le mystère pascal qui nous fait trouver la voie du salut à travers la mort et la résurrection.


Dieu se reconnaît en Jésus

Advient la résurrection. C’est le point de départ d’une réflexion extraordinaire de la part de ceux qui ont suivi Jésus. Il est mort, on se sauve en Galilée, on sauve sa peau. Tout resterait là et personne n’aurait entendu parler de Jésus au bout de quelques décennies s’il n’y avait pas eu cet acte de Dieu en sa faveur, soit de le rendre à la vie et de le faire se manifester à ceux qui l’ont accompagné. La résurrection est l’événement déclencheur, le point de départ d’un questionnement extraordinaire : pourquoi, mais pourquoi Dieu a-t-il ressuscité Jésus ? Les disciples se rassemblent pour réfléchir autour du sens de la résurrection et finissent par le décoder : Dieu a donné raison à Jésus, Dieu se reconnaît dans tout ce qu’il a fait, dans toutes ses options, dans tout ce qu’il a voulu promouvoir, dans les types de relations qu’il a eus. Il n’y a rien de scandaleux dans le fait qu’il se soit tenu avec des femmes, des étrangers, des païens, des pécheurs. Et si Dieu a donné raison à Jésus on ne peut faire autrement que de marcher à la suite de Jésus pour faire vivre ses options. Leur engagement va s’inscrire dans le prolongement de ce qu’il a essayé de leur donner. Mais que faire ? Continuer d’obéir aux autorités juives revient à ne pas faire la volonté de Dieu puisque Dieu, en ressuscitant Jésus, dit : « Je me reconnais en lui, c’est comme lui que vous devez agir. »


Faire mémoire : faire advenir

Quand les disciples se réunissent, ils se rappellent ce que signifie faire mémoire de lui. Ils comprennent qu’il n’y a pas plus belle occasion de reprendre le flambeau. Comment se rappeler Jésus, sinon en se rappelant ce dernier soir où il a partagé le pain et dit : « C’est moi, c’est ma personne. » Où il a pris le vin et dit : « C’est mon sang, c’est ma vie ». C’est le lieu de rassemblement par excellence, où on se redit qui a été Jésus, et c’est le lieu où on se redit ce qu’on veut faire pour perpétuer sa mission. Faire mémoire, cela ne se résume pas à se rappeler passivement, c’est faire advenir ce qui est derrière cette mémoire. C’est faire vivre. Le lieu de mémorial devient un lieu d’engagement.


Agir maintenant

Le mot Eucharistie, pour moi, ne représente pas cela, parce que le mot Eucharistie fait référence à l’action de grâce. Je pense qu’on devrait parler plutôt de mémorial du dernier repas de Jésus qui devient un lieu d’engagement. Si on croit qu’il en est ainsi, les implications sont grandes, et elles sont graves. On s’en tire à bon marché si on se retranche dans l’adoration : adorer, on peut faire ça en moins d’une heure, et on est quitte jusqu’à la semaine prochaine, ce n’est pas trop engageant. Mais si, chaque fois qu’on vient partager le pain et le vin, on repense : oui, qu’est-ce qu’il a voulu, et comment est-ce que je peux assumer ses engagements dans mon petit milieu, dans mon entourage, dans ma vie professionnelle, dans ma vie familiale, dans ma vie nationale, c’est plus exigeant. La question qui préoccupe le plus les communautés chrétiennes est celle du sacerdoce (des femmes, des hommes mariés). Or, on est même en train de bloquer l’accès du sacerdoce aux homosexuels, ça devient aberrant. Mais si on revient à l’origine, si on revient à la nature de ce qu’a été le dernier repas de Jésus, ces types de questions sont réglés, elles n’ont plus de sens. Bien sûr, n’importe qui ne peut pas présider, les célébrations ne peuvent pas se dérouler n’importe comment. Il y a la question des ministères, j’y crois, la question des charismes, j’y crois. On ne s’improvise pas président d’assemblée. Mais qui peut empêcher un homme ou une femme de bonne foi, qui a le charisme pour le faire… Qui peut m’empêcher, moi, si, au cœur de mon engagement, j’ai le goût de me rassembler avec des gens d’une communauté, et que je veux faire mémoire du dernier repas du Christ, parce que je veux me rappeler exactement ce qu’il a fait, et alimenter, régénérer mes engagements, qui peut m’empêcher de le faire ? Qui dit qu’il faut une personne spécialisée ou ordonnée pour le faire ? Je pense que ce fut le cas au cours des siècles, mais nous sommes parvenus à une autre étape. L’heure n’est plus à se demander si on doit le faire. Si on veut une communauté, si on veut continuer à prolonger la mission de Jésus parmi nous, eh bien il faut prendre des initiatives. Il faut faire ce qu’il y a à faire.


Odette Mainville est professeure en exégèse du Nouveau Testament à la faculté de théologie et de science des religions de l’Université de Montréal.

Eucharistie, mémorial
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