Baptême..Liberté..Responsabilité
Le Baptême des nouveaux nés est une tradition fort ancienne et vénérable dans l'Eglise Catholique, encore largement en faveur aujourd'hui.
Pourtant, dans ce cas, le baptême est administré, de fait, à des personnes qui n'ont aucune conscience de ce qu'elles font : un jour elles ratifieront ou pas le choix qui a été fait pour elles notamment lors de la proclamation de leur foi au moment de la Confirmation...
Mais, qu'elles ratifient ce choix ou qu'elles ne le ratifient pas, ces personnes par le seul fait du Baptême qui leur a été conferré sans leur participation ont contracté des obligations et en particulier celle de se marier religieusement.
De fait, et sauf erreur de ma part, (je prends cette précaution, car chaque fois que j'écris ceci je suis frappé par l'incongruité du fait) deux jeunes baptisés ne sont considérés par l'Eglise comme mariés que si ils se marient religieusement ; ceci a pour corollaire que deux baptisés qui se marient en mairie, civilement, sans démarche à l'Eglise sont considérés par l'Eglise comme des « concubins » au même titre que ceux qui sans se poser aucune question sont dits « vivre à la colle » ; à cette notion péjorative s'il en est l'Eglise ajoute celle de « pécheur public »..
Par contre cette même Eglise reconnaît le « contrat » de deux non baptisés qui se marient en mairie et donc les reconnaît mariés !
Continuons (dans l'horreur ?)
Voici que le couple bat de l'aile et en vient à divorcer.
L'homme et la femme qui se sont mariés à l'Eglise ont beau divorcer, ils sont toujours considérés par l'Eglise comme mariés...Si l'un d'entre eux « refait sa vie » et se représente pour se marier avec une autre personne à l'Eglise, c'est impossible....et s'il outre passe, il aura le statut de « divorcé-remarié », encore un statut de pécheur public !
Le Garçon et la Jeune Fille non baptisés qui s'étaient mariés devant le maire et dont le « contrat » avait été reconnu par l'Eglise se séparent et l'un d'entre eux vient se présenter à l'Eglise pour le mariage religieux avec un baptisé ; que se passe t il ? On lui proposera certainement le baptême et bien qu'ils soit « divorcé » le mariage religieux lui sera accordé ... et il ne sera pas « divorcé-remarié » ... pourquoi ? Parce que lors de sa naissance il a eu la « chance » de n'être point baptisé !
Franchement y aurait il pas un problème quelque part ?
Ne pourrait on pas envisager que les obligations liées au baptême Chrétien ne deviennent effectives qu'au jour où la personne baptisée autrefois dans l'inconscience de la petite enfance ratifie son baptême par la profession de Foi au jour de sa confirmation ?
Ce serait tellement plus respectueux de toute la réalité !
Alors dira t on, pour quoi ne pas supprimer le baptême des enfants en bas âge ?
Il me semble que ce serait une grosse erreur, car la demande du Baptême par des parents qui donnent la vie, s'inscrivant dans l'acte créateur de Dieu est pleine de sens et de richesse..
Les parents prennent pour le jeune enfant un nombre incalculable de décisions : personne n'a l'idée de dire qu'ils s'agit d'atteinte à sa liberté, bien au contraire, pour que l'enfant puisse un jour exercer son libre arbitre et s'engager librement, il faut que toutes ces décisions aient été prises et soient assumées par les parents, la famille et les éducateurs...
Un jour, l'enfant prendra ou ne prendra pas à son compte toutes ces décisions et « fera sa vie »..
Pourquoi ne pas dire que le Baptême des nouveaux nés est d'abord un acte qui concerne les parents tout autant que le nouveau né : Dieu reconnaît ce geste humain du don de la vie qui met en cause trois personnes et c'est ce geste qui en quelque sorte est la vraie « matière » du sacrement de Baptême...
Plus tard devenu responsable de ces choix, l'enfant prendra sa place dans la vie, la société : Dieu reconnaîtra ce geste de l'engagement dans le monde et c'est ce geste de l'engagement personnel de ce sujet devenu conscient de lui-même et du monde vivant autour de lui, c'est bien ce geste là qui sera alors la « matière » du sacrement qui « accomplit » l'initiation chrétienne : la Confirmation !
Il me semble par ailleurs que cette façon de voir les choses concernant le Baptême, la Confirmation et par ricochet le mariage et les autres sacrement pourrait être d'une bien plus grande richesse sur le plan pastoral : pastorale des familles au moment du don de la vie, comme cela se fait souvent avec bonheur, pastorale de l'engagement chrétien au moment de la confirmation comme cela se fait peut être moins bien..
Je n'ai jamais compris la pastorale des collèges et lycées à base de fêtes dans le meilleur des cas d'initiation politique dans des cas plus discutables...
La prise de responsabilité et l'engagement dans la famille, la cité, la communauté scolaire dans la lumière et la grâce du Sacrement de Confirmation pourraient servir de base plus solide et moins éphémère à la participation effective des jeunes dans la communauté ecclésiale..et peut-être aussi le lieu d'éclosion d'authentiques vocations !
Il me semble que les démarches Sacramentelles que l'Eglise à la Mission de susciter et d'accomplir n'ont de solidité que lorsqu'elles s'enracinent dans la Création, c'est à dire la vérité de la Vie telle qu'elle est vécue par des sujets conscients et responsables...
Merci à ICHTUS pour l'article sur la « débaptisation » qui a suscité cette réflexion