Un Dieu "égocentrique" pour notre tranquillité ?

Publié le par MICHEL




On trouvera ci dessous quelques reflexions sur la vision de la Parole de Dieu qui ressort du récent synode..
Nous les devons à Oscar Fortin et on visitera avec profit son blog d'où cet article a été repris ; voir : Pour une société au service de l'humain

 

La Voix de Dieu s'exprime dans les Ecritures lues en Eglise et en quelquesorte sous la direction du magistère...(les Apôtres ?)

Cela veut il dire que les prophètes qui tirent leur parole de la bouche même de Dieu (voir les récits de leur vocation) n'ont plus à s'exprimer ou sont privés de Parole ?

"La Voix de Dieu sort du néant la création et « descend ensuite dans les pages des Saintes Écritures que nous lisons à présent au sein de l'Église sous la conduite de l'Esprit Saint qui a été donné comme lumière de vérité à l'Église et à ses pasteurs. »

Sur ce dernier point, je suis particulièrement étonné que l’on ne relève pas l’importance tout à fait déterminante de la Parole portée par les PROPHÈTES qui viennent rappeler, à temps et à contre temps, aux rois et aux prêtres, le sens à donner à l’alliance qui unit Dieu à son peuple. Ils appartiennent à une catégorie à part dans la vie de la foi. Ils échappent, par ce qu’ils ont à dire, à l’autorité des grands prêtres et des rois. Ils sont des messagers qui tirent leur parole de la bouche même de Dieu.

Ce rappel du rôle des prophètes dans la révélation de cette VOIX qui vient à nous eût été d’autant plus important que l’apôtre Paul en fait une des deux fondations sur lesquelles s’édifie l’Église."

« Vous êtes intégrés dans la construction dont les fondations sont les apôtres et les prophètes, et la pierre d'angle Jésus-Christ lui-même. C'est lui qui assure la solidité de toute la construction et la fait s'élever pour former un temple saint consacré au Seigneur. » (Ép. 2,20-21)


Une Église qui s’édifierait en écartant, entre autres, la voix de ses prophètes comme porteuse, elle aussi, de la lumière de vérité risquerait de crouler rapidement sous le poids de ses ambitions, de ses cultes, de ses compromis et de la nomenclature de ses institutions. S’il y a les pasteurs, il y a également les prophètes.


Le Christianisme serait-il une religion fondée par Jésus Christ pour révéler le Père et conduire les hommes à le reconnaître et lui rendre un culte de louange


Dire que Jésus est venu créer une nouvelle religion, c’est donner à sa mission un sens qui ne ressort pas tellement des Évangiles. Ces derniers font plutôt ressortir ce que sont les véritables bases des relations qui doivent exister entre les humains : la justice, la vérité, l’amour,  la solidarité, la miséricorde, l’ouverture d’esprit.
Le véritable culte, celui qui plait à Jésus et à son Père, c’est l’amour que nous aurons les uns pour les autres.

Déjà, le prophète Osée avait précisé cette situation aux prêtres et aux rois de son temps :

« Que te ferai-je, Éphraïm ? Que te ferai-je, Juda ? Car votre amour est comme la nuée du matin, comme la rosée qui tôt se dissipe.  Or c'est l'amour qui dure qui me plaît et non les sacrifices, c’est la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes. (Os. 6,4-6) 

À peu près tous les prophètes ont fait des rappels à ceux qui transformaient l’intervention de Dieu en des cultes de toute sorte. Isaïe y va également sans retenue en donnant à Yahvé ces paroles : 

  « Cessez d'apporter de vaines offrandes : J'ai en horreur l'encens, Les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées ; Je ne puis voir le crime s'associer aux solennités. Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ; Quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas : Vos mains sont pleines de sang. Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, Protégez l'opprimé ; Faites droit à l'orphelin, Défendez la veuve. (Is.1, 13-17) 
 

Jésus, dans le témoignage de sa vie, poursuit dans cette même direction. Il rappelle que l’homme n’est pas fait pour le sabbat, mais le sabbat pour l’homme. Il invective les docteurs de la loi, les pharisiens et les grands prêtres leur reprochant de mettre sur les épaules des autres des fardeaux qu’ils ne peuvent porter eux-mêmes.
Il  précise enfin les vrais comportements qui seront pris en compte au jugement dernier : qu’as-tu fait pour ton frère malade, prisonnier, affamé. Malade, marginalisé?
La religion, s’il y en a une qui ressort, est celle qui s’inscrit dans tous ces efforts qui conduisent l’humanité à être plus humaine, en étant plus juste, plus vraie, plus solidaire, plus indulgente, plus unie dans l’amour et le respect.

 

Tout centré sur Jésus : Jésus égocentrique ?


Le Visage humain de Dieu en Jésus Chrsit intervient il dans l’histoire des hommes pour transformer le monde, ou bien pour amener le monde à le reconnaître comme Fils de Dieu et comme envoyé du Père?
La différence entre les deux approches est fondamentale.

Si Jésus ne cache pas son identité et qu’il nous parle de son Père, source de son autorité, c’est beaucoup plus pour nous convaincre de la nécessité de changer l’ordre des choses qui ne répond ni à la nature humaine ni à la volonté du créateur.
La « Volonté du Père » c’est que l’amour, fondé sur la justice et la vérité, s’étende à tous les humains de la terre.
« Si vous ne croyez pas en moi, croyez au moins aux œuvres que je fais. »
(Jn 14,11)
Ici, les œuvres passent avant son « Je ».
L’apôtre Jacques, dans son épitre reprendra également ce raisonnement de Jésus.  

« Tu as de la foi, moi j’ai des œuvres; prouve-moi ta foi sans les œuvres et moi, je tirerai de mes œuvres la preuve de ma foi. » (Jacques 2,18)

Si Jésus est là c’est pour nous faire voir les pauvres, les laissés pour compte, les hypocrisies des uns, les mensonges des autres, l’indulgence et la miséricorde pour les faibles et les pécheurs.


Jésus est là pour ouvrir la voie à son Père qui vient à la rencontre de l’humanité.

Ce n’est plus le Père qui se fait le centre de l’humanité, mais l’humanité qui devient le centre des préoccupations du Père.


D’ailleurs, ce « Je » de Jésus ne saurait être compris correctement que dans le contexte d’un NOUS englobant non seulement les personnes divines, mais également toutes celles de l’humanité.
Que le plus grand se fasse le plus petit et le maître, le serviteur.

« Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il demeurera avec eux. Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux. » (Apocalypse 21,3)


Une approche plus "cultuelle" de la Parole de Dieu, a le gros avantage de ne pas ébranler les mœurs et coutumes de l’institution ecclésiale.

Elle n’a pas à s’inscrire dans la mouvance du monde avec ses contradictions et ses nombreux défis. La solution à tous ses problèmes c’est que le monde se tourne vers le culte à Dieu et rendre grâce au Seigneur de l’Univers pour tous ses bienfaits.
Le monde doit se convertir. Son absence de foi est à l’origine des maux qui l’affectent.


Par contre, si on prend comme point de départ le texte de la lettre de St-Paul aux Éphésien 2, 20-21

« Vous êtes intégrés dans la construction dont les fondations sont les apôtres et les prophètes, et la pierre d'angle Jésus-Christ lui-même. C'est lui qui assure la solidité de toute la construction et la fait s'élever pour former un temple saint consacré au Seigneur. » (Ép. 2,20-21)

le discours devient alors différent et les perspectives institutionnelles et cultuelles beaucoup moins sécurisées. Le langage des prophètes vient s’ajouter à celui des apôtres et là, la conversion n’est plus à sens unique.
L’Église doit retrouver la simplicité de ses origines, se libérer des alliances qui la lient aux grands et puissants de ce monde, s’adapter aux réalités du monde dans lequel elle évolue, se faire solidaire des pauvres et laissés pour compte des sociétés.

 

Comment redonner leur place aux "prophètes" tellement malmenés par les temps qui courent ?

 

D'après Oscar Fortin

 

Publié dans Incursions Bibliques

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