"En mémoire de moi.."
J'ai proposé ici la lecture d'un long et pasionnant texte sur l'Eucharistie
voir : l'Eucharistie...sans frou-frou ni dentelles !
Je n'avais pas lu d'assez près ce texte ; aussi je me permets d'en reproposer un passage qui va peut-être faire grinces des dents mais qui donne beaucoup à réfléchir ... surtout en relation avec l'article d'hier
voir : Escouades "tradis" au travail !
...L'Eucharistie, mémorial du dernier repas de Jésus est un lieu d’engagement.
Si on croit qu’il en est ainsi, les implications sont grandes, et elles sont graves.
On s’en tire à bon marché si on se retranche dans l’adoration :
adorer, on peut faire ça en moins d’une heure,
et on est quitte jusqu’à la semaine prochaine, ce n’est pas trop engageant.
Mais si, chaque fois qu’on vient partager le pain et le vin, on repense :
oui, qu’est-ce qu’il a voulu,
et comment est-ce que je peux assumer ses engagements
dans mon petit milieu, dans mon entourage, dans ma vie professionnelle,
dans ma vie familiale, dans ma vie nationale,
c’est plus exigeant.
La question qui préoccupe le plus les communautés chrétiennes est celle du sacerdoce
(des femmes, des hommes mariés).
Or, on est même en train de bloquer l’accès du sacerdoce aux homosexuels,
ça devient aberrant.
Mais si on revient à l’origine,
si on revient à la nature de ce qu’a été le dernier repas de Jésus,
ces types de questions sont réglés, elles n’ont plus de sens.
Bien sûr, n’importe qui ne peut pas présider,
les célébrations ne peuvent pas se dérouler n’importe comment.
Il y a la question des ministères, j’y crois, la question des charismes, j’y crois.
On ne s’improvise pas président d’assemblée.
Mais qui peut empêcher un homme ou une femme de bonne foi,
qui a le charisme pour le faire…
Qui peut m’empêcher, moi, si, au cœur de mon engagement,
j’ai le goût de me rassembler avec des gens d’une communauté,
et que je veux faire mémoire du dernier repas du Christ,
parce que je veux me rappeler exactement ce qu’il a fait,
et alimenter, régénérer mes engagements,
qui peut m’empêcher de le faire ?
Qui dit qu’il faut une personne spécialisée ou ordonnée pour le faire ?
Je pense que ce fut le cas au cours des siècles,
mais nous sommes parvenus à une autre étape.
L’heure n’est plus à se demander si on doit le faire.
Si on veut une communauté,
si on veut continuer à prolonger la mission de Jésus parmi nous,
eh bien il faut prendre des initiatives.
Il faut faire ce qu’il y a à faire.
Odette Mainville est professeure en exégèse du Nouveau Testament à la faculté de théologie et de science des religions de l’Université de Montréal.