Vatican II : Actualité d'un "Concile Traditionnel"

Publié le par MICHEL


Une Conférence de Monseigneur DAGENS
évêque d'Angoulême



Cinquante ans après qu’il ait été annoncé par le pape Jean XXIII, en janvier 1959, le Concile Vatican II demeure une référence essentielle pour la vie et la mission de l’Église catholique dans le monde de ce temps. Comme le disait Jean-Paul II, il est comme une boussole qui aide le peuple de Dieu à s’orienter au milieu des changements du monde.
Bien avant d’ordonner quatre nouveaux évêques, en juin 1988, Monseigneur LEFEBVRE avait manifesté publiquement son opposition au Concile Vatican II : il estimait que ce Concile n’était pas fidèle à la Tradition catholique, ni dans son esprit, ni dans son enseignement.
 Dans cette conférence donnée à Bordeaux en janvier 1988, Monseigneur DAGENS cherchait à répondre à ces questions décisives : qu’est-ce qui permet d’affirmer que le Concile Vatican II est un concile authentiquement traditionnel et en quoi s’inscrit-il dans la Tradition catholique ?
Les réflexions contenues dans cette conférence demeurent très actuelles, alors que la levée par le pape Benoît XVI des excommunications sanctionnant les évêques ordonnés par Monseigneur LEFEBVRE suscite de nombreuses questions qui portent sur la compréhension et la réception du Concile Vatican II.
 
4 Février 2009
 
voir :Conférence de Mgr Dagens :  Vatican II, Concile Traditionnel ?



« L’homme est la route fondamentale de l’Église »

On trouvera ci-dessous des extraits de l'introduction de la Constitution Conciliaire sur l'Eglise pour le monde de ce temps
Demain, dans un nouvel article, nous essaierons de "comprendre" à la lumière de ce texte deux événements :

- suite à l'avortement d'une fillette de 9 ans enceinte de deux jumeaux à Recife au Brésil, le "coup de   crosse" de l'archevêque local qui excommunie sans ménagement famille et médecins concernés avec l'appui inconditionnel du Vatican !
- suite à la reflexion qui se fait jour dans notre pays sur les "beaux-parents", le coup de crosse immédiat, sans appel et isolé d'un évêque français....

Pour compléter la lecture, lire les 12 premiers numeros de "Gaudium et Spes"

"Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps,
des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent,
sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ,
et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur coeur.
Leur communauté, en effet, s'édifie avec des hommes,
rassemblés dans le Christ,
conduits par l'Esprit-Saint
dans leur marche vers le Royaume du Père,
et porteurs d'un message de salut qu'il leur faut proposer à tous.
La communauté des chrétiens se reconnaît donc
réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire.

l. C'est pourquoi, après s'être efforcé de pénétrer plus avant dans le mystère de l'Eglise, le deuxième Concile du Vatican n'hésite pas à s'adresser maintenant, non plus aux seuls fils de l'Eglise et à tous ceux qui se réclament du Christ, mais à tous les hommes. A tous il veut exposer comment il envisage la présence et l'action de l'Eglise dans le monde d'aujourd'hui.

2. Le monde qu'il a ainsi en vue est celui des hommes, la famille humaine tout entière avec l'univers au sein duquel elle vit. C'est le théâtre où se joue l'histoire du genre humain, le monde marqué par l'effort de l'homme, ses défaites et ses victoires.
Pour la foi des chrétiens,
ce monde a été fondé et demeure conservé par l'amour du Créateur;
il est tombé, certes, sous l'esclavage du péché,
mais le Christ, par la Croix et la Résurrection,
a brisé le pouvoir du Malin
et l'a libéré pour qu'il soit transformé selon le dessein de Dieu
et qu'il parvienne ainsi à son accomplissement.

Le service de l'homme

...Le Concile, témoin et guide de la foi de tout le Peuple de Dieu rassemblé par le Christ, ne saurait donner une preuve plus parlante de solidarité, de respect et d'amour à l'ensemble de la famille humaine, à laquelle ce peuple appartient, qu'en dialoguant avec elle sur ces différents problèmes, en les éclairant à la lumière de l'Evangile, et en mettant à la disposition du genre humain la puissance salvatrice que l'Eglise, conduite par l'Esprit-Saint, reçoit de son Fondateur.

C'est en effet l'homme qu'il s'agit de sauver, la société humaine qu'il faut renouveler. C'est donc l'homme, l'homme considéré dans son unité et sa totalité, l'homme, corps et âme, coeur et conscience, pensée et volonté, qui constituera l'axe de tout notre exposé.

2. Voilà pourquoi, en proclamant la très noble vocation de l'homme et en affirmant qu'un germe divin est déposé en lui, ce Saint Synode offre au genre humain la collaboration sincère de l'Eglise pour l'instauration d'une fraternité universelle qui réponde à cette vocation......Il importe donc de connaître et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique.

..... Jamais le genre humain n'a regorgé de tant de richesses, de tant de possibilités, d'une telle puissance économique; et pourtant une part considérable des habitants du globe sont encore tourmentés par la faim et la misère, et des multitudes d'êtres humains ne savent ni lire ni écrire. Jamais les hommes n'ont eu comme aujourd'hui un sens aussi vif de la liberté, mais, au même moment, surgissent de nouvelles formes d'asservissement social et psychique.

.....Il se produit des changements de jour en jour plus importants dans les communautés locales traditionnelles (familles patriarcales, clans, tribus. villages), dans les différents groupes et les rapports sociaux.

.....Tant d'hommes, poussés par diverses raisons à émigrer, sont amenés à changer de mode de vie.

.....En somme, les relations de l'homme avec ses semblables se multiplient sans cesse, tandis que la " socialisation " elle-même entraîne à son tour de nouveaux liens, sans favoriser toujours pour autant, comme il le faudrait, le plein développement de la personne et des relations vraiment personnelles, c'est-à-dire la " personnalisation ".

.....La transformation des mentalités et des structures conduit souvent à une remise en question des valeurs reçues, tout particulièrement chez les jeunes: fréquemment, ils ne supportent pas leur état; bien plus, l'inquiétude en fait des révoltés, tandis que, conscients de leur importance dans la vie sociale, ils désirent y prendre au plus tôt leurs responsabilités. C'est pourquoi il n'est pas rare que parents et éducateurs éprouvent des difficultés croissantes dans l'accomplissement de leur tâche.

Les cadres de vie, les lois, les façons de penser et de sentir hérités du passé ne paraissent pas toujours adaptés à l'état actuel des choses: d'où le désarroi du comportement et même des règles de conduite.

....Une évolution aussi rapide, accomplie souvent sans ordre, et, plus encore, la prise de conscience de plus en plus aiguë des écartèlements dont souffre le monde, engendrent ou accroissent contradictions et déséquilibres.

....Tensions au sein de la famille, dues soit à la pesanteur des conditions démographiques, économiques et sociales, soit aux conflits des générations successives, soit aux nouveaux rapports sociaux qui s'établissent entre hommes et femmes.

....D'importants déséquilibres naissent aussi entre les races, entre les diverses catégories sociales, entre pays riches, moins riches et pauvres....

Ainsi le monde moderne apparaît à la fois comme puissant et faible, capable du meilleur et du pire, et le chemin s'ouvre devant lui de la liberté ou de la servitude, du progrès ou de la régression, de la fraternité ou de la haine. D'autre part, l'homme prend conscience que de lui dépend la bonne orientation des forces qu'il a mises en mouvement et qui peuvent l'écraser ou le servir. C'est pourquoi il s'interroge lui-même.

 

11 § 1. Mû par la foi, se sachant conduit par l'Esprit du Seigneur qui remplit l'univers,
le Peuple de Dieu s'efforce de discerner dans les événements,
les exigences et les requêtes de notre temps,
auxquels il participe avec les autres hommes,
quels sont les signes véritables de la présence ou du dessein de Dieu.

La foi, en effet, éclaire toutes choses d'une lumière nouvelle et nous fait connaître la volonté divine sur la vocation intégrale de l'homme, orientant ainsi l'esprit vers des solutions pleinement humaines.

§ 2. Le Concile se propose avant tout de juger à cette lumière les valeurs les plus prisées par nos contemporains et de les relier à leur source divine. Car ces valeurs, dans la mesure où elles procèdent du génie humain, qui est un don de Dieu, sont fort bonnes; mais il n'est pas rare que la corruption du coeur humain les détourne de l'ordre requis: c'est pourquoi elles ont besoin d'être purifiées."


le Peuple de Dieu s'efforce de discerner dans les événements,
les exigences et les requêtes de notre temps,
auxquels il participe avec les autres hommes,
quels sont les signes véritables de la présence ou du dessein de Dieu.




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