La Mission, un "paravent" cache misères ?

Publié le par MICHEL



Dialogue avec Philippe (suite)

Philippe

Je commence à me demander ce que serait le christianisme de ce blog sans l'intégrisme et le pape comme têtes de turc.

Personnellement, j'ai tendance à enfermer les religions dans un débat intellectuel (philosophique) mais je le reconnais. Quand ma réflexion est en cours, je ne lance pas des appels à la mission, à la charité universelle, à ce genre de choses...

Mais ici, le mélange des genres est constamment cultivé. Tant et si bien que les appels à la mission (et les conseilleurs ne sont pas les payeurs) se confondent avec une sorte de fronde contre l'Eglise. Bref, la mission n'y est que le paravent à un règlement de compte catholico-catholique.



Réponse

Parce qu'il est refus des autres et enfermement sur soi,
l'intégrisme est le contraire du christianisme : il est à combattre et ne mérite aucune sorte de concession.

Faire des concessions à l'intégrisme c'est se faire rouler dans la farine.

J'ai beaucoup de respect pour le successeur de Pierre et m'en voudrais de le prendre comme tête de turc ; ceci n'empêche aucunement d'être lucide sur des faits, sur une façon de gouverner, de s'informer, de communiquer : je pense que la crise actuelle et les reactions parfois violentes qu'elle a générées remuent profondément les milieux du Vatican et cela ne pourra à terme que renforcer le Successeur de Pierre dans ses prérogatives ses responsabilités et sa crédibilité.

Ceux qui d'une façon ou d'une autre lui lèchent les bottes (pardon...les mules) lui rendent le plus mauvais service.

Ah nous voilà avec le fameux « mélange des genres » ;
dans la vie, tout est mélangé et c'est pour cela qu'elle vit !
C'est dans les officines et les laboratoires de la vie ou de la pensée que l'on dissèque et coupe en morceaux...mais il n'y a plus de vie !

Les appels à la Mission, l'insistance de Vatican II qui affirme que la Mission est constitutive de l'Eglise sont le parfait relais de l'ordre de Mission donné par le Père à son Fils et par le Fils aux Apôtres qu'il envoie.

Pour l'Eglise, ce n'est pas une fonction, c'est son être-même !...en tous cas pas un "paravent."

Quand les catholiques sont attelés ensemble à leur tâche missionnaire,
il n'y a pas de règlement de compte !




Philippe

Tu nous avais promis un exposé interactif des déclarations conciliaires, où est-il ? Nous voilà revenus aux polémiques habituelles sur Vatican II/Benoit XVI, quand elles ne sont pas d'un degré encore plus bas : j'ai excommunié Benoit XVI...


Réponse

Je ne pense pas avoir proposé d'exposé sur le Concile : les bibliothèques en sont pleines et de textes bien meilleurs que ce que je pourrais écrire : si c'est cela que tu attends de ce blog, tu seras bien déçu.

Le dernier article que j'ai écrit sur le Concile est
Le Concile, Parole de Dieu, Appel à la Conversion.

C'est un point qui sera développé non pour lui-même
mais en fonction de ce qu'il peut éclairer de la vie et des questions d'aujourd'hui
Une conviction parcourt ce blog de part en part : la vie elle même est porteuse d'une Parole de Dieu ; la Parole Ecriture et Tradition nous est donnée pour comprendre et écouter cette Parole que les évenements quotidiens amènent jusqu'à nous.

9. La Tradition sacrée et la Sainte Ecriture possèdent donc d'étroites liaisons et communications entre elles. Toutes deux, en effet, découlant de la même source divine, se réunissent, peut-on dire, en un seul courant, et tendent à la même fin. Car la Sainte Ecriture, c'est la parole de Dieu en tant qu'elle est consignée par écrit sous l'inspiration de l'Esprit divin; quant à la Tradition Sacrée, elle transmet dans son intégrité aux successeurs des Apôtres la parole de Dieu confiée aux Apôtres par le Christ Seigneur et le Saint-Esprit, pour que, sous la lumière resplendissante de l'Esprit de vérité, ces successeurs la gardent fidèlement, l'expliquent et la répandent par la proclamation qu'ils en font; il en résulte que ce n'est pas par la Sainte Ecriture toute seule que l'Eglise puise la certitude qu'elle a sur tout ce qui est révélé. C'est pourquoi l'Ecriture et la Tradition doivent être reçues et vénérées l'une et l'autre avec un égal sentiment de piété, avec un égal respect 

Vatican II : Constitution Dogmatique "Dei Verbum" sur la révélation divine (9)


Quand à l'article de Gérard Bessières, derrière l'humour qu'on peut ne pas apprécier, il dit simplement ce que beaucoup d'autres disent aussi et qui commence à faire dans l'Eglise une vague de fond d'ailleurs parfaitement perçue à Rome.

Merci à lui et à quelques autres comme Jacques Noyer qui n'hésitent pas à utiliser leur liberté d'expression



Philippe

Quitte à ne pas publier tous les jours quelque chose, je crois que tu devrais prendre le temps d'approfondir certains sujets, à commencer par Vatican II puisqu'il te fascine tant ! C'est aussi prendre le risque de confronter ta foi chrétienne aux "donnés de la foi" qui sont dans les Ecritures et les dogmes de l'Eglise. 
A mon avis, le "n'ayez pas peur" c'est aussi cela : c'est l'engagement dans la foi qui purifie de toutes les superstitions qui la corrompent ou l'entravent.


Réponse

Je te remercie beaucoup du conseil : tu as raison, on n'a jamais fini d'approfondir Vatican II comme tout le reste ni de confronter sa Foi à l'Ecriture et à la Tradition, par contre l'engagement dans la foi qui purifie de toutes les superstitions qui la corrompent ou l'entravent porte un nom : c'est l'engagement dans la Charité.


Philippe

Ainsi, une lecture attentive de Vatican II peut très bien faire peur à ceux qui ont en tiré des conclusions hâtives ; et une lecture tout aussi attentive des Ecritures aussi.
Comme je l'ai dit plusieurs fois, il ne faut pas avoir peur de cette rencontre qui peut, à certains moments, nous faire frôler l'apostasie. N'oublions pas qu'à l'heure du supplice de Jésus, tous les apôtres sans exception* avaient déserté le lieu de l'horreur. Et ce n'est pas par la fuite en avant que nous éviterons cette heure-là. Bien au contraire, elle en aggrave les conséquences pour nous-mêmes.
C'est d'ailleurs cet aveuglement systématique qui tue le christianisme à petit feu : les chrétiens deviennent semblables aux gens sans religion, mais avec une croyance qui leur permet parfois d'être humanistes, généreux, solidaires... là où d'autres le sont volontiers sans religion aucune. En effet, et à titre d'exemple, il n'y a pas besoin d'être chrétien pour "accueillir l'étranger", il suffit d'être un homme de gauche ou d'éviter le nationalisme.

Entre cet écueil et celui de l'intégrisme, l'Eglise doit tenir le cap. Barrer à gauche ou à droite, selon les situations, et de façon judicieuse. Il faut faire un peu confiance au capitaine et ne pas lui hurler dessus à tout moment.


Réponse

Ceux qui ont lu le plus attentivement Vatican II n'ont revendiqué ni le latin, ni le Grégorien, ni les dentelles, ils ont porté un autre regard sur le monde comme terrain de Mission et lieu de la Parole ; ils se sont engagés dans la Charité et ont beaucoup appris de leur rencontre avec la vie, en particulier avec celle des plus pauvres : ceux là, même quand ils élèvent la voix, restent profondément d'Eglise et ils n'ont accepté quelque schisme que ce soit construit sur des sornettes.

Ceux-là n'apostasient pas.  voir : Helder Camara

C'est ceux dont la lecture de Vatican II a été légère et partiale qui apostasient !


Oui « l'accueil de l'étranger » est porteur de sens, de vertu, de Parole et celui qui pose ce geste peut en découvrir la puissance du contenu s'il est éclairé..

Qu'il soit de droite, de gauche, nationaliste ou syndicaliste n'a que peu d'importance.

Il reste toujours Matthieu 25, et ce texte est incontournable


Ceux qui ont lu le Concile trop rapidement et se sont mis dans le schisme, ont du lire Matthieu 25 encore plus rapidement : sans doute laissent ils la compassion et « l'accueil de l'étranger » à d'autres (gauchistes, démagos etc...) pour mieux pouvoir affirmer leurs thèses racistes !



Philippe

A bon entendeur...

* je dis bien "tous les apôtres" tant il apparaît de façon évidente que le "disciple que Jésus aimait" n'est autre que Lazare que les Ecriture ne retiennent pas au rang des apôtres. Par suite, l'identification de ce disciple à Jean l'apôtre-évangéliste justifie la distinction Ecriture/Tradition que tu as rappelée dans un article récent. Mais cette distinction suggère en même temps une certaine fiction dans la tradition, un syncrétisme. Ce type de problème est bien plus sérieux que tout le reste car il concentre à lui seul, depuis la diffusion massive des Ecritures et les études exégétiques, toutes les difficultés que l'Eglise a à connaître : anticléricalismes et intégrismes catholiques, entre lesquels on prend acte de l'hémorragie des vocations.

Il est évident que ton blog se fait l'écho d'un anticléricalisme de type "goliesque" (critique systématique de la hiérarchie par instrumentalisation du Concile et de quelques prélats), et s'y enferme de plus en plus. Ce n'est pas comme ça que la foi chrétienne progressera, tu as même une lectrice qui en retient que, en définitive, la Nature vaut bien mieux que le christianisme comme religion... C'est tout dire !


Réponse

La distinction Ecriture Tradition est un donné de la Foi de l'Eglise et je ne comprends pas vraiment où tu vois le risque d'un syncrétisme !

Je ne vois pas davantage comment la diffusion massive des Ecritures, enrichies et éclairées par le travail de l'exégèse puisse générer anticléricalismes et intégrismes.
Le renouveau Biblique répercuté principalement par la Liturgie est un facteur incontestable de la vitalité des Eglises.

C'est vrai qu'il permet aussi un front du refus et que ce refus fait les beaux jours de l'intégrisme.

L'hémorragie bien réelle des vocations est un phénomène que l'on retrouve partout dans la société sauf dans les petits groupes recroquevillés sur eux mêmes où l'on se reproduit entre soi mais avec le risque d'une dégradation génétique patente !

Je te laisse éructer contre Golias, non sans te recommander quelques articles du dernier numéro où je ne vois pas trace de l'anticléricalisme que tu dénonces

- L'inspiration Théologique de Barack Obama

- L'Etat renfloue les banques et diminue l'aide sociale

Ce numéro contient aussi
- une étude théologique
  sur le ministère presbytéral "grand oublié de Vatican II"

- deux analyses sur la situation des Jésuites et leur relation avec Benoît XVI

Quant à ma lectrice qui vit la relation que tu dis avec la Nature, je ne peux que te recommander la visite de son Blog. : Vers le ciel ouvre la lumière des mots


Je te remercie de ce commentaire, tu as raison, je vais travailler davantage sur le Concile, sans fascination, mais avec la volonté d'y trouver des appels et des clés pour donner consistance au seul engagement qui vaille : celui de la Charité...et pour essayer de civre et comprendre la vie qui nous est donné de vivre "aujour le jour"...





Publié dans Dialogues

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A
stupefiant!!!revoltant constat de misere et manque de compassion<br /> Le Vatican s'est emparé samedi de la querelle qui déchire  le Brésil  autour du drame de Franzina, volant ainsi au secours de l'Eglise catholique brésilienne. Depuis plusieurs jours, l'histoire de cette fillette de neuf ans oppose l'archevêché de Recife à une partie du gouvernement, dont le ministre de la santé et le président brésilien, Luiz Lula da Silva. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Âgée de neuf ans, violée par son beau-père, l'enfant  a subi un avortement alors qu'elle était enceinte de jumeaux. Pour avoir autorisé cette intervention et pour l'avoir pratiquée, la mère de l'enfant, d'une part, et les membres de  l'équipe médicale, d'autre part,  ont été excommuniés jeudi par Dom José Cardoso Sobrinho, l'archevêque de Recife, au nord-est du Brésil.<br /> Vendredi,  le président brésilien  s'est indigné de cette décision, "déplorant profondément en tant que chrétien et catholique qu'un évêque de l'Eglise catholique ait un comportement aussi conservateur". Réponse du Vatican, par la voix du cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation des évêques: l'excommunication de la mère de Franzina est justifiée, car les jumeaux qu'elle portait  "avaient le droit de vivre". Dans un entretien accordé au quotidien italien La Stampa, le cardinal estime qu'il "faut toujours protéger la vie, l'attaque contre l'Eglise brésilienne est injustifiée".<br />  L'avortement est interdit au Brésil, sauf en cas de viol ou si la grossesse met en danger la vie de la mère. Sergio Cabral, le directeur de la maternité publique où a été pratiquée l'interruption volontaire de grossesse, avait insisté sur les dangers encourus par une très jeune fille pesant à peine 33 kilos et mesurant 1mètre 35. Risques accrus pour une pré-adolescente n'étant pas encore tout à fait pubère.
Répondre
M
<br /> Merci de ton commentaire : j'en ai reçu d'autres sur le sujet et je suis en train d'en faire un article du blog<br /> Cordialement<br /> Michel<br /> <br /> <br />