Pour la Vie, à coups de crosses ?

Publié le par MICHEL


Nous sommes à Recife au Brésil ou l'archevêque charismatique Don Helder Camara a été remplacé en 1985 et non sans arrière pensée par Mgr José Cardoso Sobrinho, un prélat qui a systématiquement sapé le travail de son prédecesseur.

Dans ce diocèse, une fillette, agée de neuf ans, violée par son beau-père,   a subi un avortement alors qu'elle était enceinte de jumeaux. Pour avoir autorisé cette intervention et pour l'avoir pratiquée, la mère de l'enfant, d'une part, et les membres de  l'équipe médicale, d'autre part,  ont été excommuniés jeudi par l'archevêque de Recife.

Vendredi,  le président brésilien  s'est indigné de cette décision, "déplorant profondément en tant que chrétien et catholique qu'un évêque de l'Eglise catholique ait un comportement aussi conservateur".
Réponse du Vatican, par la voix du cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation des évêques: l'excommunication de la mère de Franzina est justifiée, car les jumeaux qu'elle portait  "avaient le droit de vivre". Dans un entretien accordé au quotidien italien La Stampa, le cardinal estime qu'il "faut toujours protéger la vie, l'attaque contre l'Eglise brésilienne est injustifiée".

 L'avortement est interdit au Brésil, sauf en cas de viol ou si la grossesse met en danger la vie de la mère. Sergio Cabral, le directeur de la maternité publique où a été pratiquée l'interruption volontaire de grossesse, avait insisté sur les dangers encourus par une très jeune fille pesant à peine 33 kilos et mesurant 1mètre 35. Risques accrus pour une pré-adolescente n'étant pas encore tout à fait pubère.





Nous avons lu hier dans "Gaudium et Spes" :


"Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps,
des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent,
sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ,
et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur coeur.

....Une évolution aussi rapide, accomplie souvent sans ordre, et, plus encore, la prise de conscience de plus en plus aiguë des écartèlements dont souffre le monde, engendrent ou accroissent contradictions et déséquilibres.

....Tensions au sein de la famille, dues soit à la pesanteur des conditions démographiques, économiques et sociales, soit aux conflits des générations successives, soit aux nouveaux rapports sociaux qui s'établissent entre hommes et femmes.

....D'importants déséquilibres naissent aussi entre les races, entre les diverses catégories sociales, entre pays riches, moins riches et pauvres....

Ainsi le monde moderne apparaît à la fois comme puissant et faible, capable du meilleur et du pire, et le chemin s'ouvre devant lui de la liberté ou de la servitude, du progrès ou de la régression, de la fraternité ou de la haine. D'autre part, l'homme prend conscience que de lui dépend la bonne orientation des forces qu'il a mises en mouvement et qui peuvent l'écraser ou le servir. C'est pourquoi il s'interroge lui-même.


Dans le fait relaté ci-dessus où a t on senti que tout ce qui est vraiment humain trouve un écho dans le coeur des Prélats qui sont intervenus ?

Certes ils étaient en droit et même en devoir de rappeler le principe fondamental du respect de la Vie !
Mais pour quoi le faire sur le mode exclusif de la condamnation dure et sans appel ?
Pourquoi laminer ainsi et détruire des personnes qui ont du affronter une réalité plus proche du pire que du meilleur ?
Pourquoi condamner aussi durement une équipe médicale qui a pris comme critère d'action la volonté de sauver une vie irrémédiablement perdue ?

Quand au violeur, le beau Père de la fillette en question, c'est tout juste s'il n'est pas félicité puisqu'il proclame qu'il est contre l'avortement !

Promouvoir le respect de la Vie n'est pas se laver les mains à coup d'articles du droit canon !

L' Eglise de ces prélats, ne s'interroge plus, ne va plus au devant des espoirs, des tristesses et des angoisses des hommes de ce temps : elle se prélasse nonchalament sur le canapé de certitudes qu'elle ne sait plus qu'assener !






Toute proportion gardée, autre intervention peut être de la même veine : dans la comunication d'un diocèse bien de chez nous, on lit un communiqué émanant de l'évêque lui-même  :



"Le Président de la République souhaite que le Parlement étudie un projet de loi sur un “statut du beau-parent”, afin de “reconnaitre des droits et devoirs aux adultes qui élèvent des enfants qui ne sont pas les leurs”.
La plupart des associations familiales, UNAF en tête, avec l’appui remarqué des AFC, ont fait connaître leur opposition à cette initiative.

Outre le fait qu’il n’existe pas de droit à l’enfant mais bien d’un droit de l’enfant, les conséquences d’une telle disposition seraient contraires au bien de la société.
En effet, l’enfant subirait le préjudice de se voir imposée la « paternité » du premier compagnon venu et de ceux qui pourraient lui succéder, sans parler d’éventuels droits de visite en cas de nouvelle rupture.

Mais encore, et là est le plus grave, est ouverte la possibilité pour des couples de même sexe d’adopter des enfants.
L’éducation d’un jeune, passant par le rapport à l’altérité, ne peut se faire que s’il évolue dans un contexte familial marqué par la différence sexuelle.
Le modèle éducatif du « rapport au même » pourrait porter gravement atteinte à la santé psychique et à la capacité d’une personne à s’insérer dans la société.

A la suite de nombreux politiques et responsables du monde associatif, je dénonce cette manœuvre organisée par certains lobbys, qui, sous couvert d’altruisme, cache une volonté sournoise de briser les repères fondamentaux inscrits dans le cœur de tout être humain.

Aussi, j’invite toutes les personnes de bonne volonté à se mobiliser contre ce nouvel outrage fait à la famille, actuellement si fragilisée.
Face à une telle situation, on est en droit d’attendre une politique plus protectrice de cette cellule de base de la société."**



Dans ce texte, combien relevons nous de points d'interrogation ? combien de phrases qui traduisent une recherche ?

On affirme, on assène, on accuse, on dénonce !

Bien sûr que cet évêque a raison de défendre la famille, de souligner combien l'altérité est importante pour les enfants, d'indiquer qu'il y a des risque de dérapage...

Mais où y a t il dans ce texte ne serait ce que la moindre allusion à tous ces adultes qui élèvent des enfants qui ne sont pas les leurs déjà dans les familles dites "recomposées" après une séparation ou un deuil...

Combien d'enfants sont ils heureux dans ces familles où la nouvelle paternité n'est pas forcément celle du "premier compagnon venu" (quel mépris !!!)..

Tous ces hommes et toutes ces femmes qui prennent en charge jusqu'à les adopter parfois des enfants qui ne sont pas les leurs n'ont ils pas leur part dans la promotion des valeurs familiales dans le contexte de vie qui est celui de notre siècle où tout se déchire si facilement ?

N'y a t il pas à réfléchir à ce que peut devenir la famille dans la culture d'un siècle nouveau et est elle vouée à être inlassablement la répétition d'un modèle unique ?

Cette stratégie de communication qui consiste, devant des questions posées, à faire peur dénonçant immédiatement les risques  les plus dramatiques et destructueurs n'est pas digne de l'Eglise de "Gaudium et Spes"

Derrière les risques, il n'y a pas que du potentiel destructeur, il  a aussi la possibilité de découvertes et d'avancées aux quelles on ne peut s'ouvrir que dans une Foi solide dans la Création...


La Constitution "Gaudium et Spes" nous invite à aller vers le monde ses recherches et ses troubles

un monde "qui a été fondé et demeure conservé par l'amour du Créateur"

"où un germe divin est déposé en chaque homme"


Elle fonde toute sa démarche sur la Foi que tout homme est créé à l'image de Dieu


** Il n'est pas ininteressant de constater que ce texte qui émane d'un jeune évêque recemment nommé et issu des milieux les plus intégristes et réservés par rapport à Vatican II.
Il ne faut pas donc s'étonner que la démarche suivie n'emprunte pas grand chose au Concile
C'est de plus une démarche "solitaire" sur un sujet qui interesse au premier chef l'ensemble de la communauté nationale : bonjour la collégialité !
Serions nous revenus au bon vieux temps des Evêques tribuns politiques ??



Publié dans Vie de l'Eglise

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P
« De plus, tout ce qui s'oppose à la vie elle-même, comme toute espèce d'homicide, le génocide, l'avortement, l'euthanasie et même le suicide délibéré: (…)  toutes ces pratiques et d'autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu'elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s'y livrent plus encore que ceux qui les subissent et insultent gravement à l'honneur du Créateur. »<br />  <br /> Merci CONCILE VATICAN II ! Gaudium et Spes, 27-3<br />  <br /> Depuis les premiers siècles, la discipline canonique de l'Eglise a frappé de sanctions pénales ceux qui se souillaient par la faute de l'avortement, et cette pratique, avec des peines plus ou moins graves, a été confirmée aux différentes époques de l'histoire. Le Code de Droit canonique de 1917 prescrivait pour l'avortement la peine de l'excommunication. La législation canonique rénovée se situe dans cette ligne quand elle déclare que celui « qui procure un avortement, si l'effet s'ensuit, encourt l'excommunication latæ sententiæ », c'est-à-dire automatique. L'excommunication frappe tous ceux qui commettent ce crime en connaissant la peine encourue, y compris donc aussi les complices sans lesquels sa réalisation n'aurait pas été possible : par la confirmation de cette sanction, l'Eglise désigne ce crime comme un des plus graves et des plus dangereux, poussant ainsi ceux qui le commettent à retrouver rapidement le chemin de la conversion. En effet, dans l'Église, la peine de l'excommunication a pour but de rendre pleinement conscient de la gravité d'un péché particulier et de favoriser donc une conversion et une pénitence adéquates.<br /> Devant une pareille unanimité de la tradition doctrinale et disciplinaire de l'Eglise, Paul VI a pu déclarer que cet enseignement n'a jamais changé et est immuable. C'est pourquoi, avec l'autorité conférée par le Christ à Pierre et à ses successeurs, en communion avec les Evêques — qui ont condamné l'avortement à différentes reprises et qui, en réponse à la consultation précédemment mentionnée, même dispersés dans le monde, ont exprimé unanimement leur accord avec cette doctrine —, je déclare que l'avortement direct, c'est-à-dire voulu comme fin ou comme moyen, constitue toujours un désordre moral grave, en tant que meurtre délibéré d'un être humain innocent. Cette doctrine est fondée sur la loi naturelle et sur la Parole de Dieu écrite; elle est transmise par la Tradition de l'Eglise et enseignée par le Magistère ordinaire et universel.<br /> Aucune circonstance, aucune finalité, aucune loi au monde ne pourra jamais rendre licite un acte qui est intrinsèquement illicite, parce que contraire à la Loi de Dieu, écrite dans le cœur de tout homme, discernable par la raison elle-même et proclamée par l'Eglise.<br /> Jean-Paul II, encyclique Evangelium Vitae<br />  <br /> (Si ce n’est pas du dogme, ça y ressemble. Sur la question de l’avortement, il n’y a donc pas une « église intégriste/traditionnaliste » et une Eglise catholique ; elles sont une depuis toujours.)
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M
<br /> Voir article "La vie à coup de crosses ? Dialogue"<br /> <br /> <br />